INSTALLATIONS DE BIOGAZ Les Français toujours pas à égalité avec les Allemands
Le nouveau prix de base applicable dans l'Hexagone rapproche les Français des Allemands. Mais nous sommes toujours loin du compte sur les primes.
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Un nouveau tarif de rachat de l'électricité issu du biogaz « comparable à celui des Allemands », osait en février François Fillon… Effet d'annonce. Certes, le décret officiel, publié fin mai, indique un prix de base quasi équivalent à celui observé outre-Rhin. Mais lorsque l'on cumule toutes les primes additionnelles allemandes, les Français sont loin du compte.
Comme l'ancien, le nouveau prix de base encourage les petites installations. Celles de moins de 150 kW toucheront un maximum de 13,37 c/kWh. Le tarif est ensuite dégressif en fonction de la puissance des unités et atteint un plancher à 11,19 c pour celles supérieures 2 000 kW.
À cela s'ajoutent deux bonus. Le premier donne l'illusion de faciliter l'accès à la prime à l'efficacité énergétique : sur le papier, il suffit de valoriser 70 % de l'énergie totale produite pour percevoir le bonus maximal (4 c/kWh) et non plus 75 %. « En réalité, toucher la totalité de cette aide sera plus difficile qu'avant, regrette Alain Guillaume, président de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France. Le chauffage utilisé pour alimenter le digesteur ne rentre plus dans le calcul. » Or, cette autoconsommation représente 20 à 30 % de la chaleur totale émise. Autre coup de pouce : une nouvelle prime d'un maximum de 2,6 c/kWh, liée à la valorisation des effluents d'élevage, apparaît, elle, comme une bonne nouvelle pour les éleveurs. Mais seules les installations de moins de 150 kW pourront la toucher en intégralité. Celles de plus grande d'envergure percevront une prime dégressive jusqu'à 1 000 kW. Le montant de ce bonus dépend aussi du pourcentage d'effluents d'élevage inclus dans la « ration » du digesteur : le maximum au-delà de 60 %, puis dégressif jusqu'à être nul à moins de 20 % d'effluents.
Boum des installations peu probable en France
« Dans ces conditions, les Français pourront, au mieux, bénéficier d'un tarif de 19,97 c/kWh… loin des 30 c accessibles aux Allemands », analyse Nathalie Viard, de Trame. En effet, trois autres primes sont accordées dans ce pays : une première si des cultures énergétiques sont implantées ; une deuxième si la biomasse des bandes enherbées est valorisée ; une troisième si des procédés technologiques innovants sont utilisés.
Pas étonnant dans ces conditions d'observer un fort développement des installations outre-Rhin. On y dénombre 6 000 unités de biogaz d'origine agricole. Elles y sont devenues de véritables compléments de revenu. En France, cette revalorisation du prix pourrait donner un coup de pouce aux projets, mais il ne faut pas s'attendre à un boum des installations. Les Français restent aussi pénalisés par le coût d'investissement, qui est supérieur de 30 à 40 % à celui des Allemands. « J'espère que les constructeurs ne vont pas encore en profiter pour augmenter leurs prix », craint Alain Guillaume.
Ce nouveau tarif pourrait aussi avoir pour effet pervers de réduire les aides à l'investissement. « On peut craindre que les subventions accordées dans le cadre du plan de performance énergétique, déjà suspendues en 2011, soient définitivement stoppées », s'inquiète Nathalie Viard.
NICOLAS LOUIS
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